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24 JUIN 1906 - 24 JUIN 2006
LA COMMUNE DE MELJAC A 100 ANS
"Les meljacois pétitionnent et font de la résistance"...
1ère partie: la pétition de 1870 pour la séparation -"le combat"pour le changement du chef-lieu 1900/01

Le 2 mars 1870, une lettre en forme de pétition portant 88 signatures d'habitants de la commune de Saint-Just (les habitants de la section de Meljac y étant probablement majoritaires) est adressée au préfet de l'Aveyron.

La Pétition du 2 mars 1870...
Pétition du 2 mars 1670 des habitants de Meljac au Préfet de l'Aveyron en faveur de la création d'une commune de Meljac "détachée" de Saint-Just

Faisant référence à un discours tenu par le préfet devant le Conseil Général; discours dans lequel ce dernier aurait fait valoir " les inconvénients" qu'une commune recouvre plusieurs paroisses et (sic) "les immenses avantages qui résulteraient de l'établissement d'une commune pour chaque paroisse ayant une population suffisante"; "nos drôles de paroissiens", argumentant sur le fait que Meljac avec ses 560 habitants dispose déjà "d'une église, d'un cimetière, d'un presbytère, de deux écoles, l'une pour les garçons l'autre pour les filles" et que "la création d'une nouvelle commune pour cette localité n'entraînerait pas de grandes dépenses".
La "grande raison" disent-ils, "c'est la grande distance qui les sépare. La commune forme un 8 parfait. Meljac et Saint-Just se trouvent à chaque extrémité de ce 8...".

Suivent alors des considérations sur la distance et les moyens de s'y rendre "à pied, à cheval ou en voiture", avec le risque, "à pied, la nuit par un petit sentier à travers les bois et rochers... de se tuer ou sextropier (sic)..."

cf. carte ci-dessus: "...la commune de Saint-Just forme un 8 parfait. Mejac et Saint-Just se trouvent à chaque extrémité de ce 8...leur distance est d'au moins 15 à 16 kilomètres..."
cf. extrait document ci-contre:
"...les habitants soufsignés vous prient et vous supplient très instamment de les détacher de la commune de Saint-Just..."

Plus qu'une pétition au sens "vindicatif" du terme, c'est d' une supplique au préfet, d'une prière dont il s'agit: "les habitants vous prient et vous supplient très instamment..."...L' "Histoire" nous montre qu'elle n'aboutira pas...ou du moins pas immédiatement.

On ne trouve plus trace aux archives, après cet épisode de 1870 et ce jusqu'en 1900, d'autres documents témoignant de velléité de "séparatisme". La révocation de M. Maffre Hippolyte en novembre 1885 et la démission de M.Enjabert François en mai 1892 semblent sans rapport avec ce sujet. L'éloignement du chef-lieu Saint-Just, pour les Meljacois demeure probablement un vrai handicap sinon un bon alibi.

Datée du 3 octobre 1900, une convocation adressée par le maire M.Féral pour un conseil municipal devant se tenir le dimanche 7 octobre à midi à "Castelpers (Maison Vergnes)", semble lancer (ou relancer?) les hostilités.
S'en suivent alors une série d'échanges de courrier entre le maire et le préfet, délibérations du conseil municipal et autre plaintes des conseillers municipaux de" l'opposition" qui ne se rendent plus aux réunions du Conseil ainsi qu'en atteste l'extrait ci-dessous des délibérations de la séance du conseil municipal du 3 mars 1901 ("Saint-Just & Garrigues"
par rapport au groupe "Meljac & Castelpers); autant de tensions" qui aboutiront à la suspension puis à la révocation du maire M. Féral Louis, le 28 juillet 1901.

Il n'est qu'à comparer la liste des présents à cette séance du conseil municipal de Saint-Just tenue le 3 mars 1901 à la liste des conseillers telle qu'elle figure sur le P-V de l'élection du maire ou de l'adjoint en 1901 (conseillers issus des élections du 6mai 1900) pour constater que sont absents 8 conseillers sur 16: Laval, Camboulives, Vialettes, Maffre, Féral François, Rouvellat Pierre, Rouvellat François et Naves. Ils n'avaient pas non plus répondu aux convocations pour les séances des 16 et 24 février. Deux délibérations d'importance seront arrêtées ce 3 mars 1901 (cf.plus bas).

Dans un courrier du 4 janvier 1901(page1&page2) adressé au préfet par le maire M. Féral, celui-ci conteste sévèrement les instructions que lui avait données le préfet dans une lettre du 19 décembre 1900 (dont nous ne disposons pas); les qualifiant (sic) "d'injonctions inspirées par les caprices d'une coterie..." et dénonçant "la création d'un véritable monopole de la mairie pour les conseillers municipaux demeurant au chef-lieu (= St.Just) ou tout près...", il affiche assez clairement son intention de ne pas se plier aux instructions du préfet.

Un courrier au préfet (cachet préfecture janvier 1901) signé "Maffre conseiller municipal à St.Just" dénonce en 4 pages (pages 1, 2, 3, 4 )la tenue des réunions du conseil municipal de Saint-Just hors du chef-lieu, à Castelpers au domicile privé d'un conseiller, leur fermeture au public, le non-accès aux archives "déposées dans une maison privée"et l'absence de liberté qui en résulte. Il demande l'annulation des délibérations qui y sont prises.
Le même type de plainte a été formulée auprès du Ministre de l'Intérieur qui demande au Préfet de l'Aveyron par courrier du 25 mars 1901 de bien vouloir enquêter sur cette affaire.

Les délibérations du Conseil Municipal du 3 mars 1901...

Deux délibérations sont arrêtées et adressées au préfet lors du conseil du 3 mars 1901:
- l'une, "demande de transférer à Castelpers le chef-lieu de la commune de Saint-Just" (page 1 et 2)
- la 2ème,"Le Conseil autorise le Maire à louer un local de mairie à Castelpers" (1page).

transfert chef-lieu à Castelpers (page 1) transfert chef-lieu à Castelpers ( 2 ) location local de mairie à Castelpers (1 page)

"Le Conseil municipal... à l'unanimité des membres présents... prie M. le Préfet de faire toutes les diligences nécefsaires pour que le Gouvernement fafse au plus tôt droit à la demande qu'il fait qu'à l'avenir la commune de Saint-Just porte le nom de Commune de Castelpers et que le village de ce dernier nom en devienne le chef-lieu...": telle est la manière dont est formulée en conclusion, la demande contenue dans la 1ère délibération, de transférer à Castelpers le chef-lieu de la commune de Saint-Just.
En amont, deux pages d'arguments, "mélange de raison et de passion"; où l'on trouve un peu "en vrac":
- leur situation géographique et leur nombre d'habitants (St.Just à l'entrême-est et ses 74 habitants par rapport à Castelpers, et ses 85 habitants, véritable centre géographique de la commune, plus connu et plus fréquenté car traversé par 2 routes);
- leur "ancienne richesse historico-architecturale
" avec d'un côté l'ancien couvent des Bénédictins de St.Just; de l'autre, le fait que "Castelpers tire son nom d'un vieux château féodal, qui a du avoir une certaine importance, puisque Richelieu, après la prise de La Rochelle, a cru utile d'envoyer les soldats de Louis XIII pour le démanteler";
- la qualité des "personnages produits par Castelpers"; en substance, la famille Vergnes
avec François-Charles Vergnes, intendant général des armées du Ier Empire, député et pair de France et ses descendants qui se sont illustrés dans la carrière militaire(dont le Général Pafserieux, à l'époque Commandant de l'Ecole militaire de Saint-Cyr)ou civile (2 gouverneurs civils de Madagascar);

- le fait que les signataires de cette demande soient conseillers des sections de Castelpers et de Meljac comptant 793 habitants alors que les sections de Garrigues et St.Just (dont les conseillers sont absents) n'en comptent ensemble que 777 et "qu'encore les villages de Garrigues (99hab.) et de Crestoules (33hab.) s'afsocieraient pour la plus grande partie à cette demande...";
- les projets enfin de créer "un courrier en voiture allant, en pafsant par Castelpers, de Lédergues à la future gare de Naucelle...et...un bureau de poste avec station télégraphique à Castelpers
...ces trois nouvelles créations donneraient à cette localité un nouveau relief d'importance...".

Le Général Pafserieux est enterré au milieu des siens (famille Vergnes & Tapie de Celeyran, au cimetière situé au pied de la chapelle du Roc (photo ci-dessus).

A gauche, photo du "château" de Castelpers.

Après lecture par le "président de séance" M. Mouly Antoine (ancien instituteur de Meljac), d'une lettre du 28 janvier 1901 émise par le préfet et invitant le Maire à louer à St.Just un local de mairie, les Conseillers présents, "malgré leur respect pour la loi et la haute estime qu'ils professent pour le Préfet..." en clair, décident de passer outre .

La 2ème délibération de la même séance du 3 mars 1901 s'inscrit donc dans la logique de la 1ère. Dès lors que le transfert du chef-lieu de la commune de St.Just à Castelpers et le changement de dénomination de la commune ont été demandés et sont supposés devoir être acquis, il convient que le Conseil autorise le maire à louer un local de mairie au "nouveau chef-lieu".

On s'achemine manifestement vers "la rupture entre la mairie et la préfecture".
Dans un courrier adressé au préfet en mars 1901, après le Conseil du 3 mars, M. Féral écrit on ne peut plus clairement "...quant à l'exécution stricte des instructions que vous m'avez données...elle est impossible dans la commune de Saint-Just lorsque le maire est éloigné du chef-lieu..."
Le 15 avril 1901, le préfet, par dépêche télégraphique, rappelle au maire, en l'occurence M. Féral Louis que le siège de l'administration municipale est au chef-lieu de la commune, Saint-Just et que c'est là que doit délibérer le Conseil municipal.

M. Féral Louis sera suspendu de ses fonctions de maire de Saint-Just par arrêté préfectoral du 1er juillet 1901 et révoqué par décret Présidentiel du 16 juillet de la même année.



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