S'il est vrai
que la commune de Meljac, telle que nous la connaissons aujourd'hui
date bien du 24 juin 1906, le village, lui, n'est pas né du
Journal Officiel de ce jour là.
On sait que les terres qui correspondent à l'emplacement
actuel de Meljac constituaient une ferme gallo-romaine (ou villa),
ferme attribuée ainsi qu'il était d'usage, par Jules César
aux légionnaires romains les plus méritants; en l'espèce, à un
légionnaire dénommé Melius. Le suffixe "ac" ou "acos" désignant
les villas, le lieu fut donc appelé "Meljac".
|
Extrait
de la carte dite de Cassini du XVIIIème siècle,
centrée sur Meljac et Saint-Just.
|
L'Assemblée Constituante
définit, pour l'essentiel dans la Constitution de 1791,
l'organisation nouvelle de la France et crée notamment
la commune.
Le terme de "commune", au sens de l'administration territoriale
contemporaine, est imposé par le décret de la Convention
Nationale du 10 brumaire An II (31 octobre 1793) qui stipule que " toutes
les dénominations de ville, bourg ou village sont supprimées
et que celle de commune leur est substituée".
Les communes sont administrées par un Conseil municipal dont
les membres, d'abord élus au suffrage censitaire, le sont au suffrage
direct à partir de la loi municipale du 5 avril 1884. Le maire,
initialement nommé par le pouvoir central ou par le préfet
selon l'importance des communes, est élu au suffrage universel
avec cette même loi de 1884.
Cette "dépendance du pouvoir central" peut probablement
expliquer la tonalité docile, pour ne pas dire, parfois servile,
des rapports au préfet contenus dans les quelques documents dont
nous disposons, antérieures à 1884 (adresse
du 27 février 1853 du Conseil municipal de Saint-Just à Napoléon
III à l'occasion de son mariage - adresse
du 16.mars 1856 à Napoléon III à l'occasion de la
naissance du Prince Impérial - "pétition du 2
mars 1870" des habitants de Meljac au préfet pour que la
paroisse de Meljac soit séparée de Saint-Just et érigée
en commune- page1- page2).
Le nombre des communes en Aveyron
comme en France a beaucoup varié depuis leur création
en 1791 à partir des paroisses, "communautés
de base" reconnues sous l'Ancien Régime, en quantité plus
importante que les communes (on retient généralement
les chiffres de 70000 paroisses pour 40000 communes).
Un tableau du nombre de communes établi en France par les services
statistiques du cadastre en 1835 porte le commentaire suivant: "le
nombre de communes varie annuellement par la réunion ou la disjonction
des territoires communaux, selon les exigences des localités constatées
légalement". On cherche localement, au début à recréer
des entités communales à l'identique des anciennes paroisses
(ne raconte-t-on pas qu'un propriétaire, dans le Villefranchois,
avait demandé et obtenu que sa seule propriété soit érigée
en commune); tandis que le pouvoir central plutôt hostile aux "autonomies
locales", par intervention préfectorale, fait pression à la
baisse.
A partir de 1884, les chiffres se stabilisent. Ainsi l'Aveyron compte
684 communes en 1794, 615 en 1802, 230 en 1835, 301 en 1884 et 304 aujourd'hui.
Meljac devient effectivement
commune en 1791 et le restera, selon les sources, jusqu'en
1801 (date à laquelle, une loi renforce le pouvoir
central du Consulat, au bénéfice de Bonaparte, "1er
consul à vie"; remettant en cause l'élection
et l'autonomie des administrations locales et en jouant comme
d'une opportunité pour réduire le nombre de communes)
ou jusqu'en 1829 (date d'autant plus plausible que, dans
les actes de droit privé que l'on a pu consulter, Meljac
apparait indifféremment comme paroisse ou commune jusqu'en
1830 alors que Saint-Just apparait systématiquement comme
commune après cette date)
Meljac sera alors réunie, en même temps que La Bastide-Paréage,
Castelpers et Le Rouet à Saint-Just.
|
|
Au
fil des fusions ou des divisions de communes, les territoires
communaux restent précisément délimités
par le cadastre. Ainsi, dès le 17 novembre 1906,
le Directeur des Contributions directes de l'Aveyron adressera à sa
demande au "maire du nouveau Meljac" un relevé de
la superficie et du revenu cadastral de la commune par
nature des cultures, avec "une étendue de 947,08
ha" (document à droite). A gauche, la carte
cadastrale de Meljac, postérieure à 1906. |
Ainsi en 1906, après
selon les sources (1801 ou 1829 ?...), 105 ou 77 ans de "cohabitation" plus
ou moins pacifique avec "son chef-lieu Saint-Just",
Meljac redevient commune à partir de la "division" de
la commune de Saint Just (qui deviendra Saint-Just-sur-Viaur
en 1919).
|