Situé au Sérayet de Saint-Just, le sanctuaire de Notre-Dame de Roucayrol est avec celui de Notre-Dame du Roc à Castelpers, l’un des sanctuaires les plus anciens du Ségala.
Perchée sur la colline de Sérayet qui domine la vallée du Viaur, la chapelle de Roucayrol est à la frontière du Tarn et de l’Aveyron.
La chapelle aurait été bâtie à cet endroit par un chevalier rescapé de la croisade contre les Albigeois ainsi que veulent l’attester un vitrail et un tableau visibles dans une chapelle latérale; deux œuvres représentant ce chevalier recevant de la Vierge une rose et portant l’inscription « FUNDATOR ECCLESIAE ».
La légende rapporte en effet qu’un chevalier priant la Vierge avant de partir au combat contre les hérétiques, avait fait le vœu, s’il en revenait vivant, d’élever une chapelle en son honneur. La Vierge lui serait alors apparue et l’aurait assuré de sa protection en lui remettant une rose et en le bénissant.
Le chevalier rentra effectivement sain et sauf de croisade et s’appliqua à tenir sa promesse.
C’est alors que, encore selon la légende, la construction initialement envisagée en haut du Sérayet, là où se trouve actuellement l’oratoire abritant la statue de l’Immaculée Conception, ne put se faire à cet endroit.
Mystérieusement en effet, et à plusieurs reprises, les matériaux de construction apportés sur le lieu projeté de la chapelle, furent retrouvés par les ouvriers en contrebas, à mi-pente de la colline exposée au sud, au dessus de la rivière du Viaur.
Le chevalier comprit alors que la Vierge lui signifiait sa volonté de voir la chapelle édifiée en cet endroit et les travaux purent alors être réalisés.
A l’intérieur de la chapelle un superbe retable de bois orné de fleurs, de fruits, d’anges, de colonnes avec, au centre une niche qui reçoit la statue de Notre-Dame de Roucayrol.
La statue mesure 1,30m ; elle est en bois doré et daterait du 17ème siècle. La Vierge, debout, porte un manteau et une robe finement travaillés. Elle tient le sceptre de la main droite et l’enfant assis sur son bras, est face aux fidèles qu’il bénit ; il tient le globe dans sa main gauche.
De chaque côté du retable, deux autres niches contiennent, en regardant l’autel, à droite Saint-Joseph, à gauche Sainte-Anne.
A l’extérieur, derrière la chapelle, se trouve un petit cimetière où reposent les défunts de familles alentours.
On appréciera particulièrement les vues sur la chapelle, des hameaux de la Combe, des bords du Viaur ou de la Bastide
La chapelle de Roucayrol est devenue dès le 14ème siècle (source : archives de l’église de Moularès en Tarn) un lieu de pèlerinage très fréquenté.
On venait jadis y prier notamment pour la guérison de la peste, de la petite vérole et de l’incontinence.
Aujourd’hui encore, des fidèles viennent y prier et, en souvenir du chevalier et de la rose, déposent aux pieds de la Vierge, des roses dans la chapelle ou à l’oratoire. La chapelle est «vivante» des soins que lui portent les fidèles du Sérayet et de Saint-Just.
On se souvient des « pèlerinages meljacois d’antan »
Au mois de mai, il faisait beau le plus souvent, le « cortège » partait de l’église de Meljac et grossissait tout au long du chemin…
« Bannières au vent »; il s’agissait de la bannière de la Vierge et de celle de Saint-Blaise qui ouvraient la marche, le curé escorté des enfants de chœurs puis des femmes qui récitaient le chapelet, …et derrière, les hommes…
C’est qu’on en avait pour près de 10 kilomètres…sans compter le retour.
On s’arrêtait à chaque croix qui se trouvait sur le chemin pour quelque litanie ou cantique supplémentaire (voir ou revoir l’inventaire des croix : croix du Jubilé, croix du cimetière, croix du Clot, croix du Martinesq, croix du Roc… Toutes avaient été décorées des fleurs de saison, pivoines, iris et premières marguerites.
Près de 10 kilomètres en effet pour se rendre de l’église de Meljac à la chapelle de Roucayrol et les routes, chemins et sentiers, n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui: direction le Martinesq par la croix du Clot ; puis direction le Roc par l’ancien chemin du Suc et par Subrigues… Là, le chemin du Roc avait été préalablement nettoyé de ses ronces et autres hautes herbes.
On passait sous la chapelle du Roc et on rejoignait la route à Castelpers ; route qu’on allait emprunter jusqu’à Saint-Just. A Saint-Just, à droite sitôt traversé le pont, on prenait un chemin « raccourci» qui grimpait tout droit, sur le Sérayet.
Les cérémonies pouvaient alors commencer.
Venait ensuite l’heure du pique-nique que chacun avait pris soin d’emporter. On s’installait alors sur la pelouse autour et au-dessus de la chapelle de Roucayrol. Les vêpres ensuite, à l’issue desquelles on reprenait le chemin du retour à Meljac où s’achevait le pèlerinage…jusqu’à l’année suivante…
Comme chaque année, ce dimanche 20 mai 2012, 3ème dimanche de mai, se tient le pèlerinage de Notre-Dame de Roucayrol.